Évaluation de l’efficacité de la pratique de l’ostéopathie
Caroline Barry
Bruno Falissard
Avec l’expertise critique de Joël Coste et Isabelle Boutron
30 avril 2012
Evaluation de l’efficacité de la pratique de l’ostéopathie
Unité 669 de l’INSERM
Revue de la littérature médicale scientifique et de la littérature destinée aux professionnels
L’ostéopathie a pour objectif de traiter des problèmes médicaux fonctionnels à l’aide de manipulations manuelles, généralement des muscles et des os.
En France, la formation des ostéopathes est encadrée par des textes de loi, mais reste très hétérogène, fonction des nombreuses écoles qui l’enseignent, fonction également du cursus initial des étudiants qui s’y forment (médecins ou non, kinésithérapeutes ou non). Les indications de l’ostéopathie sont elles aussi variables d’une école à l’autre. Certaines se limitent aux troubles touchant la colonne vertébrale et les membres ; d’autres incluent également des troubles digestifs, génitaux urinaires ou neuropsychiatriques.
En ce qui concerne les douleurs d’origine vertébrale, un nombre plutôt limité d’études comparatives et randomisées ont été réalisées pour évaluer l’ostéopathie. La plupart de ces études présentent de réelles limites méthodologiques (absence d’allocation des traitements en « aveugle », critère d’efficacité subjectif, etc.). Il faut cependant noter la grande difficulté qu’il y a à mener ce type d’évaluation de façon indiscutable, tout au moins dans un contexte de soin de ce type. Les résultats sont inconstants, certaines études ne montrent pas d’efficacité supérieure des manipulations ostéopathiques par rapport à un groupe contrôle bénéficiant, par exemple, de manipulation factices, d’un traitement médical classique ou de conseils hygiéno-diététiques. Certaines études montrent, elles, un intérêt modeste de l’ostéopathie en addition d’une prise en charge habituelle.
En ce qui concerne les autres indications, les études sont trop rares et/ou possèdent des limites méthodologiques trop importantes pour que des conclusions fiables puissent être proposées. Dans tous les cas l’efficacité de l’ostéopathie apparaît au mieux modeste.
Les manipulations ostéopathiques peuvent entraîner des effets indésirables. Il faut noter en particulier la survenue rare mais très préoccupante d’accidents vertébro-basilaire graves lors de manipulations cervicales.
Au total, l’ostéopathie regroupe un ensemble de pratiques diverses proposées par des professionnels bénéficiant de formations hétérogènes. L’ostéopathie propose des réponses non chirurgicales et non médicamenteuses à des troubles fonctionnels fréquents ; cette discipline est donc susceptible d’intéresser un grand nombre de patients. Les réponses apportées par l’ostéopathie sont potentiellement efficaces dans les douleurs d’origine vertébrales, mais sans supériorité prouvée par rapport aux alternatives plus classiques. Dans les autres indications, on ne peut conclure en l’état actuel des études disponibles. Des évènements indésirables rares mais graves peuvent survenir lors de manipulations des vertèbres cervicales.
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